Critique: Wojciech Chmielarz, Les Ombres


 Couverture

Paris, Agullo (noir), 2021, 536 p.

Meurtres et enquêtes à Varsovie…

Les polars polonais ne sont pas légion et j’en ai lu très peu. D’ailleurs, c’est un domaine géographique du genre auquel le regretté Claude Mesplède n’a pas consacré d’article dans son Dictionnaire des littératures policières, dont la deuxième édition date de 2007. Je suppose donc (peut-être de manière imprudente…) qu’il ne devait y avoir que très peu de traductions disponibles avant cette date !

Les Ombres, de Wojciech Chmielarz, est le cinquième volet des enquêtes de Jakub Mortka, dit Le Kub, un flic de Varsovie !

Tout commence par un double meurtre : la femme et la fille (Evelina, une adulte) d’un gangster disparu depuis des années dans des circonstances jamais totalement élucidées. Sur la scène du crime, les policiers ont retrouvé l’arme de service de Darius Kochan, un flic en disgrâce, mari violent et amant d’Evelina. Autre élément à charge : le suspect a pris la fuite. Mais l’inspecteur Mortka, son meilleur ami, ne croit pas à sa culpabilité. Malgré l’interdiction de la hiérarchie, il va se mêler de l’enquête et tenter de découvrir la vérité, tout en étant accaparé par une autre affaire : coincer une fois pour toutes le gangster Borzestowski, grand requin du crime organisé à Varsovie, qu’il veut arrêter pour meurtre (entre autres). Un de ses complices veut enfin se mettre à table, mais il y a des conditions…

Pour ce faire, Mortka aura l’appui de son adjointe, la lieutenante Suchoka, dite La Sèche, laquelle enquête de son côté sur une vidéo compromettante montrant un viol collectif auquel participent des politiciens de haut rang.

Le Kub et La Sèche décident de s’entraider sans se douter un instant qu’ils vont devoir confronter l’ombre maléfique qui plane sur Varsovie depuis une décennie. Il va y avoir du sang, de la bagarre et quelques règlements de compte !

Ce récit, parfait mélange de roman noir et de procédure policière, fait plus de 500 pages. L’intrigue est d’une grande complexité, mais à aucun moment on a envie de lâcher cette histoire remarquable que l’auteur contrôle avec une rare maîtrise sans jamais s’égarer, malgré un nombre assez conséquent de personnages (facilement identifiables, même s’ils ont parfois des noms… exotiques). L’action est continue, sans temps mort, ni descriptions oiseuses remplisseuses de pages, avec des personnages bien typés, nuancés et convaincants. Passionnant ! De quoi vous donner envie de découvrir les titres précédents…

Ed. or. : Cienie Trad. : Caroline Raska-Dewez

À propos de cet auteur que je ne connaissais pas :

Il a reçu deux fois le prix du meilleur polar polonais. Son titre précédent La Cité des rêves a été finaliste du Prix du Polar Européen Le Point-Quais du polar en 2020.

La série Mortka :

Pyromane, Agullo, 2017

La Ferme aux poupées, Agullo, 2018

La Colombienne, Agullo, 2919

La Cité des rêves, 2020

Les Ombres, 2021

 

Norbert Spehner