Paris, Sonatine, 2020, 334 p.
La nuit où Laura s’évapora
L’autrice américaine Wendy Walker, aussi avocate spécialisée en droit de la famille, nous propose un troisième suspense paru en français : La Nuit d’avant. Une belle découverte pour moi, qui en étais à ma première lecture d’un de ses romans.
Après une douloureuse rupture amoureuse, Laura retourne habiter chez sa sœur, Rosie, dans la ville qui l’a vue grandir. Elle s’inscrit à un site de rencontres, malgré les appréhensions de Rosie, qui juge que c’est un peu tôt pour se remettre en quête d’un amoureux… Rapidement, Laura fixe un rendez-vous avec un homme un peu plus vieux qu’elle, récemment divorcé, à l’aise financièrement, qui se déplace en BMW. Elle se rend à un premier rendez-vous, sans donner trop d’informations à sa sœur sur celui qu’elle va rencontrer. La soirée se passe bien mais… car il y a un « mais »… l’homme ne conduit pas une BMW. Laura n’est pas si sûre qu’il soit divorcé… Bref, les petits doutes s’accumulent. L’homme en question, Jonathan Fields, ayant une explication pour tout, Laura décide de profiter malgré tout de sa soirée. Elle a emprunté la voiture de sa sœur pour se rendre à ce rendez-vous, en lui promettant qu’elle sera rentrée pour la nuit… Or, Laura ne rentre pas. Ni le soir, ni le lendemain matin… Éperdue d’inquiétude, Rosie se lance dans une enquête pour tenter de retracer Laura, avec les maigres informations dont elle dispose. Avec l’aide de son conjoint Joe et de leur meilleur ami Gabe, ils essaient de retrouver Laura, tout en nous plongeant dans leur passé commun (déjà, tout jeunes, ils étaient inséparables tous les quatre) et en nous racontant le drame survenu une dizaine d’années plus tôt, qui a marqué Laura de façon dramatique. Et le lecteur comprend vite qu’ils sont inquiets de ce qui a pu arriver à Laura, oui, mais pas seulement… Ils s’en font aussi pour ce qui a pu arriver à Jonathan Fields cette nuit-là.
Roman habilement mené, La Nuit d’avant est un bon thriller psychologique qui nous entraîne dans plusieurs récits croisés : les discussions de Laura avec un psy avant la fameuse nuit où elle disparaît, son enfance, la nuit des événements, l’enquête de Rosie et des policiers qui tentent de retrouver Laura… L’histoire est intrigante, on sent bien le passé trouble de Laura, sans trop comprendre d’abord le drame qui est arrivé, puis en le découvrant peu à peu. L’autrice a fait le choix d’alterner les chapitres décrivant la nuit en question et ceux racontant les recherches menées par Rosie, ce qui maintient l’intérêt du lecteur tout au cours du roman. J’avoue que ma première réaction, à la lecture de la quatrième de couverture, a été de me dire que le sujet ne péchait pas par originalité… On a eu droit à quelques reprises au fil des dernières années à des suspenses basés sur des rendez-vous fixés sur des sites de rencontres qui tournent mal. Mais Wendy Walker aborde le sujet de façon personnelle et originale, avec beaucoup d’introspection, de réflexions, sans pour autant rien enlever au rythme du récit.
Martine Latulippe