Critique: Valentin Musso, Qu'à jamais j'oublie


 Couverture

Paris, Seuil, 2021, 419 p.

Meurtre sans motif apparent

C’est par pure curiosité que j’ai choisi de lire Qu’à jamais j’oublie, un roman de Valentin Musso ! Bussi, Musso, Lévy, voilà des noms d’auteurs qui reviennent très souvent dans l’actualité littéraire, auteurs dont je ne sais rien et qu’à vrai dire, je n’ai jamais eu l’envie (ni le temps) de lire ! Et le slogan ultra-cliché « Et si votre famille n’était pas celle qu’elle prétendait être ? », probablement utilisé trois zillions et demi de fois sur les quatrièmes de couverture, n’avait vraiment pas de quoi me tenter ! Mais bon… Ce thriller psychologique, assez noir, est tout à fait honorable et captivant !

Ça commence de manière abrupte, très violente : Nina Kircher, une veuve sexagénaire, en vacances dans un hôtel de luxe quitte soudain la piscine pour suivre un homme jusque dans son bungalow. Sans raison apparente, elle le poignarde dans un enchaînement inouï de violence. Arrêtée, elle se plonge dans un mutisme complet.

Pour comprendre cet acte insensé, son fils Théo, avec lequel elle a toujours entretenu des relations difficiles, n’a d’autre choix que de plonger dans le passé pour tenter de découvrir les liens entre sa mère et la victime. De fil en aiguille, le passé et l’identité des protagonistes se dévoile, avec son lot de drames, de révélations dramatiques, de surprises… Qui est la victime ? Quel motif avait sa mère ? Théo n’a pas fini de mettre à jour les événements troublants qui ont marqué son étrange famille. Nous n’entrerons pas dans le détail de l’enquête, mais Musso connaît les ficelles d’un bon thriller et ne lâche pas son lecteur, jusqu’à la dernière page où il envoie le KO final !

En toile de fond, le romancier évoque des événements dramatiques qui, sans être exactement de la même nature, auront une sinistre résonance pour les lecteurs canadiens en ces temps troublés où l’on découvre les horreurs des pensionnats autochtones : en Suisse, jusqu’en 1981, au moins soixante mille personnes ont été internées administrativement sans jamais avoir commis de délits au seul motif qu’elles étaient pauvres, mendiantes, alcooliques, réfugiées, mères illégitimes ou jugée dépravées, etc. Quant à la « vie » dans ces institutions… Un phénomène tragique et scandaleux longtemps entouré d’un silence assourdissant !

Norbert Spehner