Paris, Albin Michel, 2020, 426 p.
Preuve de paternité recherchée
Robin Cook est un auteur américain qui, depuis 1977, s’impose comme le père du thriller médical. Il a maintes fois abordé les questions de biologie médicale et de bioéthique dans ses romans. Son plus récent titre, Origines, s’inscrit tout à fait dans cette lignée.
Kera, une assistante sociale de vingt-huit ans, a vu son monde s’écrouler quand son amoureux des deux dernières années l’a brutalement quittée. Elle a besoin de changement et elle déménage à New York, où assez rapidement elle noue une relation avec un homme plus mûr que son ex… mais hélas moins libre, puisque marié. La relation tourne à la catastrophe quand Kera annonce à son amoureux qu’elle est enceinte et qu’elle veut le garder. Peu après, Kera est retrouvée morte d’une surdose…
Aria Nichols est chargée de l’autopsie de Kera, sous la direction de la médecin légiste en chef, Laurie Montgomery. Étudiante brillante, insolente, absolument désagréable, Aria en vient vite à la conclusion que Kera ne se droguait pas. Quand en plus elle découvre le fœtus, la jeune femme devient rapidement persuadée que cette mort est liée à la grossesse. Elle se met en tête de découvrir qui est le père du bébé. Évidemment, personne n’a eu connaissance d’une relation amoureuse dans la vie de Kera, celle-ci ayant été tenue au plus grand secret. Aria ne renonce pas pour autant. Elle fait de cette histoire une affaire personnelle et est bien résolue à y voir clair. Pour elle, aucun doute possible : trouver le père équivaut à identifier le coupable. Avec l’aide de Madison, une amie de Kera, elle s’initie à la généalogie génétique et espère retrouver le père en dressant son arbre généalogique, grâce à l’ADN. Un seul problème : le père en question tient à garder son secret et les morts se multiplient dans cette affaire…
Robin Cook propose un suspense original, qui pose de bonnes questions : jusqu’où va le respect de la vie privée si la science permet de résoudre un crime ? Dans quelle mesure doit-on utiliser ces outils ? Peut-on identifier un tueur par son arbre généalogique ? On sent le souci de l’auteur de ne pas aborder la science de façon superficielle. Elle est au cœur du roman : il décrit minutieusement les scènes d’autopsie, il explique les différentes recherches possibles à partir de l’ADN, etc. Là où le récit perd hélas en crédibilité, c’est dans la résolution de l’affaire… On voit venir la fin et les motivations qui mènent à tant de meurtres ne semblent pas bien solides… Malgré cette réserve, on ne s’ennuie pas à la lecture d’Origines et on découvre avec plaisir cet univers de médecins légistes et de questions éthiques.
Martine Latulippe