Critique: Michael Connelly, L'Innocence et la loi


 Couverture

Paris, Calmann-Lévy (Noir), 2021, 484 p.

Maître Haller, représentant l’accusé Haller

La plupart des lecteurs et lectrices ont connu Michael Connelly d’abord grâce à son célèbre inspecteur Harry Bosch. Depuis, il nous a proposé deux autres séries, l’une mettant en vedette Renée Ballard, l’autre Mickey Haller, avocat de la défense et demi-frère de Bosch. Même s’il est orné d’un bandeau annonçant les retrouvailles de Bosch et Haller, ne nous y trompons pas, le plus récent titre de Connelly s’inscrit clairement dans la série Haller et Bosch y tient un rôle très discret, pour ne pas dire effacé. C’est un constat, pas une critique, puisque c’est tout de même avec beaucoup de plaisir qu’on dévore L’Innocence et la loi.

Les choses commencent pourtant joyeusement pour Mickey Haller dans ce roman : il vient de gagner une cause, il se rend dans un bar pour célébrer cette victoire. Quand il quitte l’établissement, il se fait arrêter et le policier découvre… un cadavre dans le coffre de sa voiture ! La victime est un homme que Haller connaît, Sam Scales, un escroc que l’avocat a défendu à quelques reprises et qui lui devait une bonne somme d’argent.

Mickey Haller est emprisonné et accusé de meurtre avec préméditation. Lui qui a l’habitude de défendre les autres, il décide d’assurer lui-même sa propre défense et il jouera la partie la plus importante de sa vie : il doit prouver qu’il est victime d’un coup monté, et bien monté, qui plus est ! L’avocate de l’accusation, Dana Berg, est farouchement convaincue de sa culpabilité et bien décidée à ne pas lui rendre la tâche facile, à commencer par une demande de caution exorbitante fixée à cinq millions de dollars, qui fait que Haller doit rester en prison pour préparer son procès, dans des conditions loin d’être idéales : il n’a pas accès à ses dossiers, il craint pour sa sécurité… Heureusement, il peut compter sur l’aide de sa fidèle équipe (Jennifer, Lorna, Cisco), de même que sur le soutien de sa fille, de son ex et de son demi-frère, Harry Bosch.

C’est donc l’histoire de Mickey Haller qui nous est racontée, narrée par lui-même, de ses points de vue d’avocat et d’accusé. L’ensemble est assez technique, procédural, puisque Connelly passe en revue toutes les étapes de cette affaire, de l’arrestation aux préparatifs, jusqu’au procès. Il apparaît vite assez clairement que Haller dispose d’une seule manière de prouver son innocence : trouver qui a tué Sam Scales. Le temps passe, le procès approche, mais l’essentiel du livre réside vraiment dans les préparatifs pour s’y rendre, tout ça en plein contexte de covid qui débarque aux États-Unis. L’auteur nous montre de façon très efficace tous les rouages du système judiciaire américain, avec ses griefs, ses requêtes, sa sélection de jury… On est bien au-delà de l’innocence ou de la culpabilité. Haller le dit lui-même: la loi n’a rien de pur. On assiste à un combat entre deux équipes d’avocats. Tout ça pourrait être un peu lourd, un peu pointu, mais ce serait sans compter le talent de Michael Connelly pour nous raconter une histoire. On se laisse prendre au jeu et on a hâte de voir comment Haller s’en sortira dans le plus important procès de sa vie.

Martine Latulippe