Critique: John Wainwright, Une confession


 Couverture

Paris, Sonatine, 2021, 269 p.

UNE CHUTE MORTELLE

Il aura fallu attendre 35 ans pour que soit enfin publié Une Confession, le chef d’œuvre inconnu de John Wainwright, l’auteur du très célèbre Garde à vue. À la fois récit de procédure policière, polar psychologique et suspense, très différent des thrillers à la mode, gonflés à l’hémoglobine, ce roman à tout point remarquable n’est pas sans rappeler certaines intrigues subtilement perverses du duo Boileau et Narcejac, ainsi que le style introspectif de Simenon (dont c’était l’un des polars favoris !).

Sur le plan narratif, l’auteur a choisi l’approche multiple, en alternant les passages en « je » et la narration omnisciente, procédé très efficace qui permet de confronter les points de vue de divers protagonistes sur la même affaire.

Le roman commence par le journal de John Duxbury, journal adressé à son fils Harry sous forme de confession. À cinquante ans, Duxbury, riche propriétaire d’une imprimerie, est déçu par son existence, alors que son mariage avec Maude, une femme qui le domine, tombe dans la grisaille : sexe inexistant, disputes constantes de plus en plus violentes, etc. Mais il l’affirme avec force : je l’aime !

Et la vie continue, banale, routinière, ennuyeuse… Jusqu’au drame, prétexte de la confession : au cours d’une promenade en terrain accidenté, Maude a fait un faux pas, a glissé dans la boue et a fait une chute mortelle du haut de la falaise.

Le coroner a conclu à une mort accidentelle. Mais des doutes persistent…

Quelques jours plus tard, un homme se présente au commissariat et accuse Duxbury d’avoir poussé sa femme dans le vide. Caché à proximité des lieux du drame pour observer des oiseaux, il prétend avoir tout vu.

Joli casse-tête pour l’inspecteur Harry Harker à qui ses supérieurs confient la patate chaude. Qui croire ? Le respectable notable local, à la réputation sans tâche, qui prétend que c’est un accident, ou le prétendu témoin, un type bizarre, peu fiable qui l’accuse de meurtre ? Tout le mystère est là… D’autant plus que quelques heures avant le drame, les deux hommes avaient eu une altercation !

Harker, un flic acharné, se lance à corps perdu dans la recherche de la vérité jusqu’à l’ultime face à face et un dénouement des plus imprévisibles et réellement surprenant !

Chapeau à l’auteur qui réussit à nous tenir en haleine tout au long du récit alors que l’action est pratiquement inexistante, que l’essentiel du drame (intense) se joue dans la tête des protagonistes et dans les dialogues. Comme quoi les classiques… !

Éd. or. : Cul-de-Sac, 1984 Trad. : Laurence Romance

 

 

Norbert Spehner