Critique: Horth & Rosenfeldt, Justice divine


 Couverture

Arles, Actes Sud, 2021, 440 p.

LE RETOUR DE SEBASTIAN BERGMAN

C’est en 2013-2014 que j’ai découvert l’excellente trilogie des Dark Secrets, du duo suédois Hjorth & Rosenfeldt, série que je classerai un cran au-dessus de Millenium dont seul le premier opus valait vraiment le coup. Depuis, la trilogie a fait des petits et Justice Divine est le sixième opus mettant en scène l’incorrigible Sebastian Bergman (antihéros que l’on adore détester) et les mêmes personnages de son entourage dont les relations mouvementées et les problèmes existentiels juteux sont certainement une des raisons d’être du grand succès de ces polars très noirs.

Le nœud de l’intrigue :

Vanja Lithner, la fille de Sebastian, (qui déteste ce père manipulateur, déloyal égoïste, cruel, grossier, et obsédé sexuel) enquête sur une série de viols ritualisés à Uppsala. Quand une des victimes est tuée, c’est la brigade criminelle qui est mobilisée, et sa directrice, Anne-lie Ulander sollicite la présence d’un Bergman d’abord réticent, puis volontaire quand il apprend que sa fille sera de la partie. Voilà donc Vanja obligée de côtoyer et de collaborer avec le père honni. Je vous passe les détails et nombreux rebondissements de l’intrigue qui, comme les précédentes, est tout à fait captivante pour les lecteurs et éprouvante pour les enquêteurs…

Deux éléments contribuent fortement au « suspense » et à l’intérêt de ce nouvel épisode : les tentatives maladroites et désespérées d’un Bergman toujours aussi tourmenté pour se rapprocher de sa fille, façon pour lui de racheter quelques fautes du passé, et rares moments de faiblesses de cet être complexe dont une tragédie initiale a bouleversé la vie dans le passé.

On suit aussi davantage le personnage de Billy, l’as de l’informatique, qui tel Caïn poursuivi par l’œil de Dieu, est rongé par le remords d’avoir tué (accidentellement ?) sa jeune collègue Jennifer au cours d’une relation sexuelle qui a mal tourné. Billy est possédé par ce qu’il appelle « le serpent » soit une furieuse envie de tuer. Son comportement de plus en plus bizarre, ses efforts désespérés et maladroits pour masquer ses mauvais coups, et ses mensonges finissent par attirer l’attention de Sebastian (à suivre…).

Une super-série dont l’intérêt ne se dément pas, mais qu’il est préférable de lire dans l’ordre, histoire de ne pas perdre les fils. Notons, que les premiers volumes sont disponibles en format de poche (10/18). [en librairie le 3 juin]

Ed. or. : En högre rättvisa, 2018 Trad. : Rémi Cassaigne

P.-S. Deux autres titres sont prévus dans cette série.

Pour des renseignements complémentaires sur la série et les auteurs, ou pour en savoir plus sur le polar nordique, je recommande le site suivant :

http://polars.marginalia.free.fr/Polars_nordiques.html#MARGNL

(une véritable encyclopédie du genre)

Norbert Spehner