Paris, Hugo (Thriller), 2021, 410 p.
Mort étrange d’une consultante en meurtres
Si vous trouvez que mon titre ci-dessus est plus agathachristique que chandlérien, vous avez parfaitement raison, car Mortelle Dédicace, de la très britannique Elly Griffiths est plutôt du type « british mystery » que thriller ou roman noir, même si ce ne sont pas les cadavres (des auteurs de polars, hé, hé) qui manquent.
L’histoire commence par le décès de Peggy Smith, âgée de quatre-vingt-dix ans. À cet âge-là, rien de plus naturel, n’est-ce pas ? Le cœur flanche, ces choses-là arrivent, hélas ! Mais ça n’est pas l’avis de Natalka, son aide à domicile d’origine ukrainienne qui a de bonnes raisons de croire que cette mort est d’origine criminelle : Peggy se sentait suivie, ses cartes de visite indiquent qu’elle était « consultante en meurtres » et sa bibliothèque est remplie de polars avec la même dédicace « Merci pour les meurtres », autant d’éléments curieux justifiant l’ouverture d’une enquête.
Que faisait Peggy au juste ? Mystère… à éclaircir !
L’affaire est confiée à Harbinder Kaur (déjà brièvement rencontrée dans Le Journal de Claire Cassidy, 2020), policière d’origine sikh et lesbienne, qui recevra l’aide de Natalka et de deux amis de Peggy, Edwin, un ex-journaliste nonagénaire et Benedict, ex-moine recyclé en tenancier de café.
On n’entrera pas dans le détail de l’enquête sinon pour dire qu’elle se passe dans le milieu des écrivains de polars dont on croise quelques spécimens plus ou moins fréquentables. Certains d’entre eux vont d’ailleurs passer de vie à trépas de manière brutale. On croisera les « usual suspects » et on se perdra dans quelques impasses et fausses pistes : la routine, quoi ! On participera aussi à un festival d’amateurs de polars avec, entre autres activités, une table ronde mémorable d’auteurs, plus prétentieux les uns que les autres. Tout ça, avant que les vérités cachées et autres secrets ne soient dévoilés dans l’habituel brouhaha final (toujours un peu tarabiscoté) où l’on découvre enfin le ou les coupables.
Tout ça est très sympathique (malgré quelques longueurs, définitivement le mal du siècle dans le polar contemporain), bourré de clins d’œil et d’allusions littéraires, avec des protagonistes singuliers qu’on a du plaisir à suivre. Le critique du très sérieux Times l’a dit, et je confirme : ce livre est un bel hommage aux romans policiers !
Ed. or. : The Postscript Murders, 2020 Trad. : Vincent Guilluy
Norbert Spehner