Montréal, Tryptique (Policier), 2021, 286 p.
ALERTE À LA PESTE BRUNE !
Jeux d’été, de Diane Vincent, est le septième polar mettant en vedette la massothérapeute Josette Marchand et le sergent-détective Vincent Bastianello, enquêteur au service de Police de la Ville de Montréal, désormais en couple et habitant sous le même toit.
Tout commence avec la découverte du cadavre d’une jeune femme dans un parc du Plateau-Mont-Royal. La victime a été égorgée, défigurée et l’assassin (qui n’a laissé aucune trace) a prélevé des morceaux de sa peau de manière chirurgicale.
On découvre assez rapidement l’identité de la défunte : Sara Landrieau, une jeune violoniste française de passage à Montréal pour une tournée du groupe Klez Karav spécialisé dans la musique klezmer (la musique instrumentale juive d’Europe de l’Est ainsi que ses variantes plus contemporaines). Elle a prolongé son séjour à Montréal pour renouer avec ses racines juives découvertes récemment et le passé tourmenté de sa famille.
Accompagné par sa compagne, Bastianello se rend à Chambéry pour y rencontrer les parents de la victime, sa meilleure amie Estelle et les membres de son groupe, dont Mathieu, l’amoureux du moment.
Recueillant assez peu d’indices, et toujours sans piste véritable, ils retournent à Montréal où les choses vont se précipiter et les différents voiles du mystère s’éclaircit. En effet, les enquêteurs découvrent des secrets que la famille Landrieau pensait relégués aux oubliettes, et surtout, ils vont comprendre la signification des mutilations infligées à la victime dont le tueur a subtilisé les tatouages parmi lesquels s’en trouve un avec une signification symbolique très particulière.
Adroitement mené, le récit comprend plusieurs narrateurs dont Josette, à la fois témoin et enquêteuse (sans le titre), l’assassin, un mégalomane hystérique qui vomit ses délires racistes et ses chimères de suprématie blanche, et des animateurs de radio-poubelle qui par leurs harangues toxiques encouragent les manœuvres d’une armée de fêlés mal intentionnés dont plusieurs sont actifs sur le Dark Web.
La collection Policier, dirigée chez Triptyque par Catherine Côté a pour but de faire « la biopsie d’un monde malade », objectif dont lequel s’inscrit parfaitement ce roman noir de Diane Vincent qui oblige le lecteur à s’interroger sur l’influence des mouvements d’extrême droite au Québec, le racisme systémique et sur les discours violents qui peuvent mener à des événements aussi dramatiques, par exemple, que l’émeute du Capitole aux Trumpistes-DésUnis !
Avec sa thématique d’une actualité brûlante, son enquête policière intrigante racontée de manière très dynamique (de roman d’enquête, le récit se fait thriller dans la dernière partie), Jeux d’été est un des bons crus québécois de cette première partie de l’année.
Norbert Spehner