Critique: André Jacques, Les Gouffres du Karst


 Couverture

Montréal, Druide (Reliefs), 2021, 423 p.

DUEL À MORT EN CROATIE

« Merde ! J’ai l’impression de suivre un film de James Bond à la radio ! » s’exclame Alexandre Jobin, au cours d’un raid contre une bande de trafiquants croates. C’est un peu l’impression générale que j’ai eue à la lecture de l’excellent et divertissant thriller mâtiné d’espionnage d’André Jacques, Les Gouffres du Karst où l’action et le suspense priment.

Pourtant, au début du roman, il est plutôt marabout notre antiquaire favori, retraité des services secrets de l’armée canadienne : trouble de stress post-traumatique, douleurs physiques récurrentes (séquelles de vieilles blessures) et autres problèmes de santé, et lassitude générale. Même son métier d’antiquaire ne le passionne plus autant.

Mais très vite, il devra cesser de s’apitoyer sur son triste sort et reprendre du poil de la bête car une opération visant à démanteler un réseau de trafic d’armes et d’œuvres d’art a très mal tourné. Ian Fitzgerald, ancien compagnon d’armes d’Alexandre et officier du Service Canadien du renseignements de sécurité (SRCS) a trouvé la mort lors de cette opération fatale. On propose à Jobin de reprendre du service et de mener à bien la mission. Pour vaincre sa réticence, on lui révèle que le chef de cette organisation criminelle n’est autre que son plus farouche ennemi, responsable du meurtre horrible de son épouse Kate.

Tout en sachant qu’il devra affronter les démons de son passé, dont certains enfuis dans ses cauchemars des horreurs de la guerre des Balkans, Jobin se lance dans une aventure des plus périlleuses, en compagnie de sa compagne Chrysanty et de l’impitoyable et sulfureuse Flavie. Leur quête effrénée les entraîne de Montréal en Italie puis en Croatie, aux gouffres du Karst, lieu ultime du règlement de tous les comptes.

Dans ce nouvel opus des aventures d’Alexandre Jobin, on découvre une autre facette de sa personnalité, celle de l’ancien militaire, rompu au combat, plutôt téméraire, et qui affronte un groupe de criminels de guerre croates alliés aux tueurs de la mafia italienne. On découvre aussi son côté plus sombre. À preuve, son interrogatoire « musclé » de deux racailles croates. Comme le lama de Tintin, quand Jobin est fâché, mieux vaut s’y frotter car il n’hésite pas à franchir certaines limites légales quand nécessité oblige. De quoi faire frémir sa némésis, le lieutenant Latendresse du service de Police de la Ville de Montréal qui, quoi que fasse Jobin, n’a pas fini d’être frustré par cette « l’anguille » qui trouve toujours moyen d’échapper à ses griffes !

Bref, un bon thriller d’action, parfaitement rythmé, avec des personnages bien typés que l’on aime retrouver, des lieux exotiques et des scènes d’action mémorables.

Norbert Spehner