Encore dans la mire 38

Encore dans la mire

André Jacques, Martine Latulippe, Simon Roy et Norbert Spehner

Exclusif au volet en ligne (Adobe Acrobat, 843Ko) d’Alibis 38, printemps 2011

Faute avouée… pas du tout pardonnée

CouvertureCamilla Läckberg vient de publier le cinquième roman de sa série mettant en vedette Erica Falck… et je dois admettre, pour avoir lu les cinq titres, que l’auteure ne cesse de m’impressionner !

Sa récente parution, L’Enfant allemand, reprend un procédé familier à Läckberg : la juxtaposition de plusieurs histoires basées sur deux époques différentes, soit celles d’aujourd’hui et de la Deuxième Guerre mondiale. Un peu à la façon d’une courtepointe, l’auteure lie différents récits les uns aux autres avec délicatesse. Quelques-uns semblent de prime abord avoir peu de liens avec l’histoire principale, mais voilà que le lecteur voit peu à peu émerger une œuvre finie, où tout est cohérent et resserré.

L’écrivaine Erica Falck a terminé son congé de maternité et reprend le travail, heureuse de renouer un peu avec la « vie adulte », tandis que son conjoint, l’inspecteur Patrick Hedström, se retrouve en congé de paternité. Mais une découverte fait en sorte qu’Erica a du mal à se concentrer sur son boulot : elle trouve, dans le grenier de sa maison, des journaux intimes ayant appartenu à sa mère, de même qu’une médaille nazie et un vêtement de bébé souillé de sang. L’attitude froide de sa mère est récurrente dans tous les romans de la série et les lecteurs auront ici réponse à plusieurs questions présentes depuis le premier titre.

Erica lit les journaux intimes et découvre une femme bien différente de celle qu’elle a connue. Pour en apprendre plus sur elle, Erica confie aussi la médaille à un vieil homme spécialiste de l’histoire nazie… L’homme en question est retrouvé assassiné peu de jours après. La visite d’Erica semble avoir mis en branle quelque chose de terrible où le poids du passé rattrape chacun des acteurs d’un drame qui s’est joué il y a soixante ans. La faute qu’ils ont commise alors les condamne aujourd’hui…

Les personnages de Läckberg sont toujours aussi étoffés et solides, et leur histoire prend autant d’importance que l’enquête en tant que telle : on est heureux de retrouver la vie de famille d’Erica et Patrick, de voir que tout semble bien s’orienter pour Anna, la sœur d’Erica qui a beaucoup souffert au fil des ans, on s’attache même au maladroit et pourtant touchant chef de police Mellberg… L’auteure réussit avec habileté à aborder tant la maternité, les camps de concentration que le néonazisme, tant l’homosexualité, le rôle du père dans la famille que le poids de la haine dans une vie… Camilla Läckberg crée un univers très dense, qui devient aussi important, sinon plus, que l’enquête en soi. Même si le rythme est maintenu, nous ne sommes pas dans le roman haletant ou dans l’hécatombe provoquée par un tueur en série… L’Enfant allemand propose plutôt une structure complexe, le crime à la base du roman étant abordé sous plusieurs angles : celui d’Erica, de la police, d’un journaliste impliqué dans l’affaire par son père… Tout coule, c’est agréable à lire, dynamique même si l’introspection est à l’honneur et c’est surtout très intelligemment mené. La finale n’apporte pas de grandes surprises, elle vient plutôt confirmer des doutes, mais Läckberg nous ménage tout de même de bons retournements. Une série à découvrir sans faute, assurément une de mes préférées. (ML)

L’Enfant allemand
Camilla Läckberg

Arles, Actes Sud (Actes noirs), 2011, 456 pages.

Les talents cachés de Joe Pike…

CouvertureVous en avez un peu marre des polars pour matantes, avec ou sans recettes de cuisine, des polars pépères avec chiens-chiens à sa mémère, des cadavres bien proprets et des enquêteurs amateurs recrutés dans l’élite sherlockienne des bibliothécaires, des fleuristes, des belles-mères et autres concierges ? Besoin d’un peu d’action virile, de récits qui fleurent bon les hormones mâles ? Il y a bien sûr la famille Swagger qui démolit le mobilier dans les romans de Stephen Hunter, Jack Reacher qui casse la baraque dans les polars musclés de Lee Child en tirant sur tout ce qui bouge, et puis il y a Joe Pike, l’associé d’Elvis Cole dans les polars de Robert Crais, un auteur qui ne m’a jamais déçu. Dans Règle n˚ 1, l’inquiétant mais fidèle Joe Pike, éternel second couteau, devient enfin le personnage principal.

L’histoire commence par un massacre : Frank Meyer, un homme d’affaires sans histoire est sauvagement assassiné avec toute sa famille. Un seul témoin : Ana, la fille au pair serbe qui agonise à l’hôpital. Or il se trouve que dans le passé, Frank Meyer était membre de l’unité d’élite de mercenaires que dirigeait Joe Pike. Meyer avait déposé les armes après avoir rencontré la femme de sa vie, avait fondé une famille et dirigeait une petite entreprise prospère.

Déterminé à venger la mort de son ami, Pike va croiser la route d’un dangereux gangster d’origine serbe, un type sadique et impitoyable qui a froidement supprimé ses complices. Pike doit absolument découvrir pourquoi la famille de son pote a été la cible de cet assassin. Meyer avait-il des activités louches ? Était-il impliqué dans le trafic des armes ? Michael Darko, son redoutable adversaire, a des occupations très variées qui vont du meurtre à la prostitution en passant par l’enlèvement d’enfants et le trafic d’armes à grande échelle. La sinistre mafia serbe a adopté le code des bandes criminelles organisées des quinze républiques de l’ex-Union soviétique, « le code des voleurs » constitué de dix-huit règles écrites dont toute violation est punie de mort. Or, la règle numéro un dit que le voleur doit renoncer à ses parents, à sa famille, ne doit pas se marier ni avoir d’enfants… Alors que vient faire dans le portrait le bébé gardé dans la maison des Meyer, bébé qui a disparu et dont Michael Darko pourrait bien être le père ?

Règle n˚ 1 est un roman d’action dont l’intrigue déboule à toute allure, comme un cheval fou. Joe Pike est un bagarreur et un fonceur qui ne fait ni dans la nuance ni dans la dentelle. On n’a guère le temps de s’ennuyer avec ce bulldozer increvable qui n’a peur de rien ni de personne, et dont la loyauté est totale. Un héros comme on les aime, dont on découvre enfin la sensibilité et un petit côté sentimental inattendu. Une lecture trépidante… (NS)

Règle n˚ 1
Robert Crais

Paris, Belfond (Noir), 2011, 330 pages.

Une chorale aux airs de symphonie !

CouvertureAu début de 2010, Martin Michaud nous surprenait avec Il ne faut pas parler dans l’ascenseur, un premier polar plutôt réussi que j’ai présenté dans le n˚ 34 de la revue. Finaliste au Prix Saint-Pacôme du roman policier, le livre a remporté le prix des lecteurs. Début janvier 2011, les ventes dépassaient les 5 000 exemplaires, ce qui le place d’emblée dans la catégorie des best-sellers. À la fin de mon compte rendu, je souhaitais vivement le retour du personnage principal : l’inspecteur Victor Lessard, de la police de Montréal. C’est chose faite dans La Chorale du diable, un récit complexe et palpitant qui devrait faire date dans l’histoire de la filière québécoise. Le premier polar de Michaud était bon, celui-là l’est encore plus…

Avis aux écrivains désireux de faire leur marque dans le polar québécois : voilà l’exemple (presque) parfait pour atteindre la notoriété souhaitée : une intrigue d’une grande complexité, à volets multiples, mais dans laquelle le lecteur se retrouve aisément, une thématique intéressante, une narration fluide avec un suspense qui ne se relâche jamais, quelques fausses pistes judicieusement amenées, un personnage central plus présent et plus élaboré que dans le roman précédent, un Victor Lessard tout en nuances, torturé, obsédé, déterminé, et quelques protagonistes secondaires pas piqués des vers dont la grosse Jacinthe Taillon, qui ajoute une note à la fois pittoresque et dramatique à cette histoire riche en bonnes surprises. Du vrai travail de pro qui prouve hors de tout doute que le polar québécois a atteint un grand degré de maturité qui devrait confondre les éternels sceptiques. Mais bon…

L’enquête de Lessard concerne cette fois un drame familial qui a fait plusieurs victimes : une femme et ses trois enfants ont été sauvagement tués à coups de hache. Le mari, auteur présumé du carnage, s’est suicidé après s’être tranché la langue. Mais il y a des détails qui clochent (un témoin aurait aperçu un prêtre avec une hache !) et Lessard n’est pas satisfait avec le scénario envisagé. Avec l’aide de sa belle collègue Nadja Fernandez, il décide de creuser davantage… Au même moment, une jeune fille qui dévoilait ses charmes sur Internet est kidnappée. L’affaire est confiée à Jacinthe Taillon, un bulldozer féminin, qui est également une ancienne coéquipière de Lessard à qui elle voue une haine féroce. Comme les deux affaires vont se télescoper, Lessard va être confronté une fois de plus à ce dragon femelle, une battante (au propre et au figuré) peu habituée aux nuances et aux subtilités, alors qu’une partie plutôt déplaisante du passé de Lessard refait surface.

Des réserves ? Quelques clichés métaphoriques un peu faciles qui auraient pu être « édités », et un aspect stylistique plus irritant : l’emploi assez fréquent de majuscules dans les dialogues. Avis aux auteurs débutants et/ou chevronnés : n’employez JAMAIS ces fichues MAJUSCULES, un procédé d’insistance plutôt simpliste et peu efficace. Faites donc plutôt confiance à l’intelligence du lecteur ! Quand « lama fâché », on sait bien qu’il crache. Pas la peine en plus de lui tendre un seau d’eau… Que cela ne vous empêche pas de vous précipiter dare dare sur ce polar remarquable. Vous ne le regretterez pas  ! Et que vogue la Goélette ! (son éditeur) (NS)

La Chorale du diable
Martin Michaud

Saint-Bruno-de-Montarville, Goélette, 2011, 512 pages.

Noir, c’est noir…

CouvertureJ’entretiens avec le polar français une curieuse et irritante relation d’amour et de haine qu’il faudra bien que je soumette un jour à mon psychiatre qui en a déjà plein les bras avec mes autres bibittes ! N’eût été de deux bonnes critiques signées Morgane Marvier et Richard Migneault sur leurs blogues respectifs « Carnets noirs » et « Polar, noir et blanc » (des lieux éminemment recommandables), je n’aurais probablement jamais lu Guerre sale, de Dominique Sylvain, auteure que je ne fréquentais pas. Je ne l’ai pas regretté, même si j’ai quelques réserves.

Guerre sale est une solide histoire policière dont le personnage principal, Sacha Duguin, est un commandant de la police criminelle qui enquête sur la mort atroce de Florian Vidal, brûlé vif près d’une piscine, un pneu enflammé autour du cou. Le modus operandi rappelle le meurtre de Toussaint Kidjo, l’assistant de l’ex-commissaire Lola Jost, une affaire jamais résolue, datant de cinq ans, et qui avait entraîné la retraite anticipée de Lola. Le lien entre les deux affaires ne fait aucun doute. Commence alors un ballet à trois qui implique Duguin, Lola et son amie américaine Ingrid Diesel.

Comme c’est souvent le cas dans le polar français, les affaires criminelles ont des incidences politiques et celui-ci ne fait pas exception : la victime, un spécialiste des relations franco-africaines, était le favori de Richard Gratien, un maillon essentiel de la Françafrique pour le secteur de l’armement, un univers de magouilles, de corruption, de gros sous, de complots et de traîtrises où les coups fourrés et les meurtres sont légion. La manière de tuer, appelée le supplice du Père Lebrun et originaire d’Haïti où c’était le sport national sous les Duvalier, a aussi des relents de folklore africain !

L’auteure Dominique Sylvain est une habile conteuse qui manie avec aisance une intrigue complexe qui ne nous laisse guère de répit. C’est un polar costaud, que j’ai apprécié avec les réserves suivantes. Mauvaise influence de Fred Vargas ? Le duo fantaisiste Lola et Ingrid ne m’a guère impressionné et je me serais volontiers passé de leurs pitreries qui n’apportent pas grand-chose, surtout dans une œuvre aussi noire et réaliste. Bon, il y a des lecteurs qui aiment cette rupture de ton qu’apportent ces petits moments de folie. Je n’en suis pas (probablement un relent incorrigible de ma stricte éducation protestante !). Une simple question de goût, donc pas vraiment un reproche à l’auteure qui est bien libre de fantasmagouiller à sa guise. Par contre, les inévitables sparages stylistiques propres au roman policier français (ah, ces auteurs qui se sentent toujours obligés de faire de la « littérature » !…) me hérissent le poil. L’emploi du « je » dans le premier et le dernier chapitre n’est absolument pas justifié. Cette coquetterie gratuite n’a pour seul effet que de nous plonger dans une certaine confusion dans la mesure où il ne s’agit pas du même personnage qui parle. Vraiment pas nécessaire… Mais ça fait « songé », n’est-ce pas ?

Bon, assez chialé. Guerre sale est un bon roman policier et Dominique Sylvain, une auteure à suivre. J’en relirai d’autres, dont le prochain, ne serait-ce que pour voir si un des dénouements coups de poing, un truc qu’on ne voit pas venir, annonce vraiment la fin de quelque chose ou si ça n’est qu’une astuce du genre « Je vous ai bien eus… Je vous ai fait croire que, alors que… » À suivre, donc… (NS)

Guerre sale
Dominique Sylvain

Paris, Viviane Hamy (Chemins nocturnes), 2011, 318 pages.

Le noir Omnibus de Dashiell Hammett

CouvertureÀ notre époque épique où les Kindle et autres gadgets électroniques transforment certains citoyens ordinaires en collectionneurs maniaques d’« intégrales » – dans ma tablette, j’ai l’intégrale de la Comédie humaine, tous les romans de Proust et l’ensemble des Rougon-Macquart !!! Ah ouais, et tu les liras quand, petit vantard ? Voyez le genre… –, il est rassurant de constater que certains éditeurs ne baissent pas les bras et nous proposent encore de vrais livres en vrai papier, des briques de collection comme ce Coups de feu dans la nuit, un fort volume de mille deux cent quatre-vingt-douze pages qui regroupe l’intégrale des nouvelles de Dashiell Hammett, soit soixante-cinq textes, dont neuf inédits en français, et qui ne sont pas tous policiers. Curieusement (les voies de l’édition sont aussi impénétrables que l’esprit de nos politiciens), ce volume est publié par Omnibus, alors que les cinq romans de Hammett sont parus chez Gallimard, dans la collection Quarto.

En 1922, Hammett quitte l’agence Pinkerton qui l’employait comme détective depuis 1915. Il rejoint les rangs de la revue Black Mask et s’impose comme chef de file d’une génération d’écrivains qui va rénover de fond en comble le roman policier, genre dont Hammett se fera un ardent défenseur. Avec, entre autres, Raymond Chandler, il va créer un genre de polar nouveau, réaliste, brutal : le roman noir, qui met en scène le détective dur-à-cuire (hardboiled) aux prises avec les gangsters dans la jungle urbaine où règne la violence, le tout dans un style épuré, percutant. Comme l’écrivait Raymond Chandler, « Dashiell Hammett a sorti le roman policier du vase vénitien pour le jeter dans la rue ».

Les textes sont encadrés par une courte préface de Richard Layman, un des grands spécialistes américains de Hammett : « Les nouvelles de Dashiell Hammett, une véritable mine d’or », et par un texte d’introduction de Nathalie Beunat, « Filature(s) », où elle évoque la vie et l’œuvre de l’écrivain. C’est elle aussi qui a établi la bibliographie à la fin de l’ouvrage. Avant la bibliographie, on trouvera aussi un document, « Lettres à l’encre verte : à la recherche de Dash, mon grand-père », de Julie Marshall Rivett, la petite-fille de l’écrivain, qui concerne la correspondance de Dashiell Hammett. Je ne vous donnerai pas le mode d’emploi du volume, il est le même pour toutes ces grosses anthologies de « classiques » : les lire progressivement pour éviter le risque d’indigestion. Un excès de hardboiled, ça pourrait être fatal  ! À moins de faire descendre le tout avec un Bourbon bien tassé… (NS)

Coups de feu dans la nuit
Dashiell Hammett

Paris, Omnibus, 2011, 1 292 pages.

Une famille pas ordinaire

CouvertureJe sais que ça peut paraître irrationnel, mais j’ai longtemps hésité avant de me décider enfin à lire 9 ans, pas peur d’André Marois. La raison est fort simple : je trouve l’objet hideux. La couverture, le dessin, le lettrage, l’affreux monochrome, tout me rebute, et c’est peu dire… L’auteur, lui, a trouvé ça génial. Bien content pour lui ! De plus, je n’aime pas le format allongé dans lequel on a publié ce que les Américains appelleraient une « novella ». Qualifier ce texte plutôt bref qui se lit en un trajet d’autobus de roman, c’est quand même un peu tirer sur la corde. Mais bon…

L’histoire ? Il n’y en a pas, ou si peu, ce qui ne signifie pas pour autant que ce récit n’est pas intéressant. Bien au contraire… Le narrateur s’appelle Angelito Duroux. Il a neuf ans. Il a des idées mais préfère « fermer sa gueule » pour ne pas déplaire à ses parents. Il n’a peur de rien. Enfin, quand même un peu, quand son père se fâche, ou quand quelque chose menace sa famille, car son idéal de vie il l’exprime ainsi : « Ça fait du bien d’être en famille. Notre famille unie. Rien ne peut nous arriver ». Rien ? Pas tout à fait… Sa mère s’appelle Loulou. Elle travaille chez les « barzingues », parle très peu et regarde la télévision. Son père s’appelle Clovis. C’est un voleur de télévisions qui occupe ses loisirs en faisant de curieuses sculptures métalliques qu’il jette ensuite dans le fleuve. C’est aussi un tueur à gages qui veut se retirer des affaires. Quand un de ses employeurs le relance chez lui, l’affaire tourne au drame et voilà le jeune Angelito mêlé à une affaire de meurtre bien malgré lui.

Disons-le d’emblée : dans cette histoire, les péripéties n’ont pas vraiment d’importance. Il pourrait arriver n’importe quoi, ou presque, on aimerait quand même le récit de ce gamin à la fois naïf et très terre à terre, doté d’un grand sens pratique, à la fois humoriste malgré lui et philosophe en culottes courtes, qui jette sur le monde qui l’entoure un regard à la fois candide et empreint d’une certaine sagesse. Ici, tout est dans l’écriture, faussement simple (phrases courtes, vocabulaire limité de gamin de neuf ans, syntaxe de base). L’auteur réussit le tour de force d’adapter son style humoristico-acide d’adulte (style acide maroisique) au langage et à la vision du monde d’un gamin de neuf ans. Et ça fonctionne… On se prend au jeu dès les premières lignes et le gamin nous entraîne dans ce récit original, dramatiquement drôle, qu’on savoure à chaque page au point d’en oublier complètement l’emballage rebutant.

Au cours des derniers mois, André Marois a été un auteur fort occupé qui a publié chez le même éditeur le roman Sa propre mort (finaliste au Prix Saint-Pacôme) et Petit Feu, un recueil de vingt-trois nouvelles noires dont plusieurs sont parues dans des revues comme Alibis, Urbania, Moebius et cie. (NS)

9 ans, pas peur
André Marois

Montréal, La Courte Échelle, 2011, 94 pages.

Ni noir, ni polar, mais mystère… oui

CouvertureWilliam Dietrich est né en 1951. Il a d’abord établi sa renommée en journalisme en remportant en 1990 le prix Pulitzer pour sa couverture de la catastrophe pétrolière de l’Exxon Valdez. Atteint d’un cancer en 1994, il décide de se lancer dans la fiction. Après quelques romans historiques, il amorce en 2007 une série de romans d’aventures dont le personnage récurrent est Ethan Gage, un assistant de Benjamin Franklin, qui se lance dans des péripéties hasardeuses dans l’Europe napoléonienne. On a affaire ici à une sorte d’Indiana Jones du XVIIIe siècle.

Hiéroglyphes est le deuxième roman de cette série. Il fait suite aux Pyramides de Napoléon. Gage a suivi Napoléon Bonaparte en Égypte en se mêlant aux groupes de scientifiques qui accompagnaient l’expédition. Après de nombreuses aventures à Paris (que l’auteur raconte dans le premier tome de la série), il se lance à la recherche d’un texte mythique intitulé « Le Livre de Thot ». Ce livre pourrait apporter à son possesseur éternité et pouvoir absolu. C’est dire qu’il ne faut pas qu’il tombe entre de mauvaises mains.

Heureusement notre héros, aidé par la marine britannique, tentera tout au long du roman d’empêcher cette éventualité. Après quelques déconvenues en Égypte, voilà notre valeureux chevalier américain ballotté d’une ville à l’autre en Palestine où se poursuit la conquête napoléonienne. De Jaffa à Acre, à Jérusalem et jusqu’à Pétra, le lecteur est entraîné dans une fresque rocambolesque et invraisemblable où se mêlent tous les éléments de la pensée ésotérique : culte d’Isis, tarot, kabbale, franc-maçonnerie, trésor des Templiers, arche d’Alliance, magnétisme. Tout y passe. À côté, on croirait par moments que Dan Brown écrit des œuvres mathématiques et géométriques comme les auteurs du Nouveau Roman.

À cela s’ajoutent évidemment quelques histoires d’amour : avec Miriam, la sœur d’un forgeron de Jérusalem, mais surtout avec la belle et mystérieuse Astiza qui, elle aussi, recherche le trésor tant convoité.

Et il y a évidemment une belle brochette de méchants. Le comte Silano, âme damnée de Napoléon, et son bras droit, le vilain Najac, qui tout au long du récit chercheront à entraver la quête d’Ethan Gage. Bref, des personnages qui, par leur aspect presque caricatural, conviendraient fort bien à une bande dessinée. Et une action continue avec de multiples rebondissements et des retournements à répétition. Alexandre Dumas, Paul Féval et les grands feuilletonistes du XIXe siècle ont vraiment encore des émules près de deux siècles plus tard.

Malgré tout, je dois admettre que l’action est menée de main de maître et que le lecteur se laisse entraîner dans ce délire d’aventures. Le style aussi est alerte et vif et l’humour employé par l’auteur crée une forme de lecture au second degré qui amuse et qui permet d’avaler le tout. Si l’auteur se prenait au sérieux, le roman serait totalement indigeste.

Hiéroglyphes se présente donc comme un récit qui fera hurler les amateurs du roman noir ou du polar moderne, mais qui fera tripper les amoureux du roman d’aventures.

Et si ce genre vous passionne, sachez que deux autres romans de la série Ethan Gage sont déjà parus aux États-Unis et qu’ils seront sans doute traduits en français d’ici peu. Ce qui portera la série à quatre volumes. Un cinquième est même annoncé pour 2012. (AJ)

Hiéroglyphes
William Dietrich

Paris, Le Cherche midi, 2010, 439 pages.

Cent dollars pour un shérif

CouvertureDans Alibis 17 (hiver 2006), j’ai publié un article sur les rapports qu’entretient le western avec le roman noir et le polar. True Grit, de Charles Portis, réédité à l’occasion de la sortie du nouveau film des frères Coen, est l’exemple parfait de ce que l’on peut qualifier de « western noir ».

Un peu d’histoire… Le roman est paru en 1968. En 1969, Henry Hathaway en fait une première adaptation avec John Wayne dans le rôle de Rooster Cogburn, le shérif alcoolique. Cette même année, le roman parait en traduction (Hortense Chabrier) chez Laffont, sous le titre Mattie ou cent dollars pour un shérif. En 2010, les frères Coen font un remake du film, avec Jeff Bridges dans le rôle de Cogburn. À cette occasion, le roman est republié, au début 2011, au Serpent à Plumes sous son titre original, True Grit,dans une nouvelle traduction de John Doucette et une postface de Donna Tartt.

L’histoire est racontée à la première personne par Mattie Ross, bien des années après les événements. Elle avait quatorze ans au moment des faits qui se sont déroulés dans l’Ouest sauvage des années 1870. Le père de Mattie a été assassiné par son contremaître pour quelques pièces d’or. Bien décidée à le venger et à récupérer le cheval de son père, la jeune fille (une sacrée petite pimbêche, douée en affaires et qui ne s’en laisse pas compter) fait appel aux services de Rooster Cogburn, un shérif borgne aux manières désinvoltes et expéditives. Rapide de la gâchette, d’une hygiène plus que douteuse, il est aussi porté sur la bouteille ! Un jeune Texas Ranger nommé Laboeuf, qui a lui aussi de bonnes raisons d’arrêter Tom Chaney, va se joindre à ce couple insolite. Commence alors une traque impitoyable dans les décors grandioses de l’Ouest.

True Grit est un roman d’aventures dont l’action se passe au moment où « le vieux Sud et ses valeurs chevaleresques se diluent dans l’univers de la frontière » (Donna Tartt). Le livre de Portis est devenu un classique culte au même titre que les œuvres de Whitman, Hawthorne, Twain ou Edgar Allan Poe. Comme dans tout bon western, il y a des moments épiques, des poursuites dans des décors somptueux, des serpents à sonnette (dont certains avec deux pattes), des fusillades mémorables et une galerie de personnages tout à fait étonnants et bien typés. Les dialogues sont particulièrement savoureux. Et le dénouement est tout sauf hollywoodien, car la Mattie Ross qui raconte l’histoire est devenue une redoutable banquière, une vieille fille à qui il manque un bras, alors que le vaillant Rooster Cogburn connaît une fin de vie assez lamentable, peu digne d’un héros de légende. Un classique à (re)découvrir… (NS)

True Grit
Charles Portis

Paris/Monaco, Le Serpent à Plumes, 2011, 232 pages.

Si on voulait donner raison à MacLean’s

CouvertureLuc Baranger et André Marois, en se donnant comme objectif de décrire la démarche malhonnête d’arnaqueurs québécois de tout acabit et le déroulement amusant de ces situations jusqu’à leur dénouement contre toute attente, arrivent à présenter en toile de fond un Québec criant de vérité, avec une écriture qui a les dents pointues.

Un recueil en trois parties au regard incisif doublé d’un style mordant : d’abord, six nouvelles de Baranger, puis autant de Marois ; la dernière partie, qui adopte une approche assumant totalement son intention parodique en donnant un rôle à un certain Norbert Spinner, est la résultante cabotine d’une collaboration quand même réussie des deux auteurs. Si on prend la liberté de lire les textes des nouvellistes en alternance, on remarquera une facture quelque peu différente : plus métaphorique, plus portée sur les effets stylistiques chez Baranger ; un ton plus direct et noir chez Marois. Mais par leur choix thématique, par la manière qu’ils ont de structurer leurs textes, les douze premières nouvelles se complètent si bien qu’on les croirait écrites par le même auteur. Chaque récit s’ouvre ainsi par une douce, lente mais toujours désopilante mise en situation qui a l’heur d’endormir les méfiances ; un préambule souvent aussi savoureux que le nœud de l’intrigue lui-même. Et chaque fois, des chutes de texte grinçantes qui justifient tout à fait l’usage de ce titre voyou.

Tab’arnaques : probablement la déformation orthographique de l’expression criée par les personnages principaux de ces treize courts récits quand ils ont pris conscience qu’étonnamment, ne tirait pas les ficelles du plan celui qu’ils croyaient… On table donc sur la duperie naturelle des gens, et à la lumière de la lecture de l’ensemble, le lecteur honnête avec lui-même reconnaîtra, bonne pâte, qu’il aurait fait de la bonne chair à charognards, une alléchante proie potentielle pour n’importe lequel de ces petits escrocs aux grandes visées. Duplicité, ruse, faisanderie, les manières d’arriver à clore l’arnaque qui se referme sur les pigeons passent toutes par la bonne vieille technique de l’abus de confiance.

On nous sert à profusion de ces procédés mettant en vedette l’arroseur arrosé où finit par être bien pris celui qui croyait prendre. Baranger et Marois nous renvoient avec Tab’arnaques un reflet bien peu reluisant de la nature humaine, d’autant plus quand l’on apprend que la plupart de ces histoires de cupidité sont basées sur des faits véridiques…

On pourra regretter la peinture du Québécois moyen, inculte et plutôt bêta, et le portrait misogyne de la femme, dépeinte en fieffée salope arriviste ou alors en mégère acariâtre. Mais la tonalité toujours à la frontière de la caricature et du gros trait de caractère finit par favoriser l’indulgence du lecteur qui se satisfait au final de l’amusement provoqué au point de se désintéresser de la balance des grands principes du bien-pensant.

De la préface signée Vincent Lacroix (pas celui que l’on connaît) jusqu’à la nouvelle finale écrite en duo, on nage dans un univers crapuleux, corrompu, mais toujours intelligent et ingénieux. Voilà deux experts dans l’art si subtil de la mystification. Comme dans la série des Bougon, on constate à la lecture de Tab’arnaques qu’un cynisme profond peut coexister avec un humour noir plein de fraîcheur.

Voilà donc pour l’été le livre qu’il faut lire avant de l’offrir vite en cadeau. Accrocheur, simple et diablement futé, la lecture de ce recueil laisse un rictus malin aux lèvres dont on veut partager la cause. (SR)

Tab’arnaques
Luc Baranger et André Marois

Montréal, Québec Amérique, 2011, 249 pages.

Entre le noir et la commedia dell’arte

CouvertureVeit Heinichen est un auteur allemand établi depuis une trentaine d’années dans la ville italienne de Trieste dont il est tombé amoureux fou. La Danse de la mort est son cinquième polar traduit en français qui met en scène le personnage de l’inspecteur et vice-questeur Proteo Lamberti, un bon vivant toujours tiraillé entre son épouse Laura et sa maîtresse Ziva, procureure en Croatie voisine.

Le roman débute avec le couple slovène Damjan et Jozica Babic qui travaillent dans un complexe high-tech de la banlieue de Trieste. Pour arrondir leurs fins de mois, Damjan s’adonne à l’espionnage industriel. Gardien de nuit, il photographie des plans d’installations et de prototypes de divers genres qui traînent dans les bureaux. Et il les vend. Argent vite fait. Sauf que, pour la dernière livraison, il exige un prix un peu plus élevé qu’à l’habitude. Le marché conclu, il repart avec son épouse, mais leur voiture est pourchassée par un immense 4 x 4 et poussée dans un ravin de la route en lacets qui mène à la frontière.

Parallèlement, l’inspecteur Laurenti cherche à démanteler un réseau de petits mafieux qui rackettent les travailleurs illégaux d’origines diverses qui foisonnent dans la ville de Trieste.

Mais, peu à peu, ces deux enquêtes semblent s’orienter vers une même suspecte : la consule d’un pays frontalier, personnage que les lois internationales protègent. Malgré les interdits, Laurenti réussit à fouiner dans ce consulat qui brasse de curieuses affaires : import-export, recyclage de déchets industriels et autres manigances louches. Le tout en lien avec des gens d’affaires plutôt véreux et gravitant autour du complexe high-tech de la ville.

Puis un nom commence à revenir souvent dans ces affaires : celui de Viktor Drajic, chef de la mafia croate et ennemi juré de Laurenti qui a croisé son chemin dans plusieurs de ses enquêtes précédentes. Retiré sur une île de la mer Adriatique, le rufian s’est aujourd’hui recyclé dans des secteurs à première vue plus honorables : contrats de construction d’autoroutes, technologies militaires de pointe, écologie…

Tout cela forme un bel écheveau dont Laurenti et ses collègues tenteront de tirer un à un les fils.

La Danse de la mort est un roman très agréable à lire. Meilleur, à mes yeux, que À l’ombre de la mort que j’avais critiqué l’an dernier. Il tient le lecteur en haleine du début à la fin. Le personnage même de l’inspecteur Laurenti est toujours aussi attachant. Épicurien et latin jusqu’au bout des ongles, il fait par moments penser au Salvo Montalbano d’Andrea Camillieri. Ses acolytes, la petite inspectrice Pina et le vieux grincheux Galvano, ancien médecin légiste, forment une belle équipe. Les forces du Mal (la consule, le vilain Drajic et ses sbires) sont pour leur part un peu trop typées.

Mais l’action est entraînante, du début jusqu’à la cavalcade finale en tramway qui se situe quelque part entre une scène à la James Bond et un film de Buster Keaton. On n’est pas ici dans le noir absolu, mais dans une zone grise où se marient des scènes sanglantes et des moments d’humour féroce.

Finalement, La Danse de la mort trace un portrait assez cru de l’Italie berlusconienne. Un portrait où se côtoient le burlesque et la tragédie. Il nous décrit aussi fort bien cette inquiétante ville de Trieste, ancien carrefour de plusieurs empires, et aujourd’hui plaque tournante de tous les trafics. Point de contact entre, d’une part, l’ancienne Europe de l’Est et les Balkans (qui commencent dans ses banlieues) et, d’autre part, la nouvelle Europe de la zone euro, source de richesse et de pouvoir.

En ce lieu étrange et polymorphe, tout est possible. (AJ)

La Danse de la mort
Veit Heinichen

Paris, Seuil (Policiers), 2010, 306 pages.

Se tuer à l’ouvrage

CouvertureDe Tijuana à la banlieue de San Diego, la misère, le désespoir les plus accablants génèrent la criminalité la plus barbare. Dans un monde bafoué, des gens de cœur travaillent dans des conditions inhumaines à haut degré de toxicité pour l’enrichissement d’industriels anonymes qui considèrent la vallée de Tijuana comme la fosse septique du Mexicali. Dans ce dessous-de-bras puant et pollué de la douce Californie, des enfants naissent sans cerveau (littéralement…) ou meurent des conséquences des émanations de plomb. Portés par le rêve d’un avenir meilleur, de nombreux Mexicains risquent alors clandestinement le passage au nord mais sont le plus souvent rejetés vers Tijuana par une vigilante police des frontières. Or, c’est quand on n’a plus rien à perdre que l’on devient, incontrôlable, le plus dangereux.

Kem Nunn campe l’intrigue de Tijuana Straits aux abords de la ligne frontalière mexico-américaine, soit en plein milieu des plus insalubres chiottes de l’Amérique occidentale où, étonnamment, toute forme de beauté n’est pas bannie.

« Il y a des gens dans le monde pour qui la vie n’a de sens que quand ils doivent se battre pour elle. » Cette phrase du roman décrit avec justesse le personnage de la belle Magdalena, déterminée pour le bien de son peuple à poursuivre en justice les carnassiers dirigeants de Reciclaje Integral, qui minent sans remords la santé des habitants d’une vallée entière, et à les forcer à décontaminer ce territoire souillé des pires déjections liées au retraitement de batteries usées. Kem Nunn, en écrivant Tijuana Straits, endosse cette critique consternée (et consternante) de Magdalena du capitalisme sauvage et de ses conséquences tragiques (abus en matière d’environnement et droits du travail bafoués).

Le roman s’ouvre sur la scène de la découverte par Sam Fahey du corps amoché de Magdalena, échoué sur la plage. Patiemment, en homme respectueux, il la recueille, la soigne et l’héberge chez lui malgré les risques que représente le fait de donner asile à une immigrante clandestine.

Les circonstances du naufrage de la Mexicaine sont nébuleuses et les causes de l’attentat dont elle a été victime à Tijuana débouchent sur des questions dont les réponses donneront un nouvel élan au roman, quand celui-ci commencera à se complaire dans la description de la relation de plus en plus complice entre Sam et Magdalena. Qui cherche à nuire à l’enquête de l’activiste mexicaine ? Qui a causé l’incendie visant à détruire les documents incriminants ? Qui veut la supprimer ? Toutes ces questions obsédantes la conduiront bien sûr à tenter de reconstituer la trame des événements.

Quant à son sauveteur et complice de fortune, Sam Fahey dit la Mouette, ainsi nommé depuis l’époque glorieuse où il était classé parmi les plus indomptables surfers du monde, il regarde sa vie passée et constate à l’heure des bilans que tout n’est qu’un triste fiasco. Lui qui dominait la Grande Déferlante avec la grâce d’un dieu des mers, il est désormais réduit sur sa ferme vermicole à la culture des asticots, dont la charge symbolique traduit son état contradictoire  : n’est-il plus qu’un abject lombric insignifiant ou, comme l’engrais qu’il produit, le germe d’un potentiel encore utile et positif ? Tout ce que fait Kem Nunn concourt à placer son personnage dans une inévitable situation de rédemption, où il aura l’occasion de racheter les fautes du passé, de laver sa vie de toutes les scories de la culpabilité stérile qui lui empoisonnent la conscience. Tijuana Straits est construit de manière à ce que, au mitan de son existence, le désabusé Sam Fahey reprenne goût à la vie par le soutien qu’il apporte à Magdalena. Il est arrivé à ce point critique où il doit résister, lutter, pour ne pas se laisser écraser complètement par la vague de son passé houleux.

L’écriture de Kem Nunn est habitée, elle nous plonge dans un univers intérieur dense, riche et terriblement tourmenté. Des phrases courtes, dépouillées de tout superflu. Nunn traque l’essentiel dans une tonalité grave, sévère. Sans qu’il y paraisse, le lecteur se retrouve après quelques chapitres avec une histoire qui s’insinue subtilement en lui, où la genèse des drames à venir suscite autant d’intérêt sinon plus que leurs dénouements au demeurant captivants. Tijuana Straits, là où les égouts rencontrent la mer bleue. (SR)

Tijuana Straits
Kem Nunn

Paris, Sonatine, 2011, 356 pages.

 

Revue Alibis – Mise à jour: Avril 2011

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